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Enjeux

Les années 2000 voient l’explosion des maladies chroniques notamment grâce à l’amélioration de la longévité. Si l’intérêt de l’éducation thérapeutique et la nécessaire autonomisation des malades est reconnue, les malades ont un accès limité aux programmes d’éducation thérapeutique (ETP) (2% des malades chroniques – enquête ARSIF 2012).

En ce qui concerne les maladies rhumatismales, il n’existe pas d’évidence de l’ETP dans les maladies rhumatismales qui ne sont pas répertoriées comme Affection Longue Durée par l’Assurance Maladie : l’arthrose, la fibromyalgie, la goutte concernent 1 personne sur 5 dans la population française, et ne peuvent faire l’objet d’éducation thérapeutique normée autorisée au titre de la loi HPST (LOI n° 2009-879 du 21 juillet 2009) qui si elles font partie d’une priorité particulière par l’Agence Régionale de Santé chargée de l’autorisation du programme.

De ce fait, malgré un besoin constaté, il n’existe que très peu d’initiatives comparables aux Ateliers du Médicament de l’AFLAR. Il existe cependant une réelle mobilisation des acteurs soignants et institutionnels dans l’information et la sécurité des patients ; « la semaine européenne de la sécurité des patients » réalisée annuellement en novembre en est un exemple. La conscience des risques encourus n’est que peu partagée dans la population, alors que la mortalité par médicament est supérieure à la  mortalité routière en France.

Le traitement symptomatique dans les maladies rhumatismales est une base, elles sont et resteront prescriptrices des médicaments parmi les plus consommés : anti-inflammatoires non-stéroïdiens, antalgiques, anti-ostéoporotiques, corticoïdes.

La mortalité et les effets secondaires des AINS sont non négligeables et représentent un vrai fléau puisque les chiffres montent à plus de 16500 morts par an aux USA en 19901.  1 patient sur 1200 prenant plus de 2 mois un AINS va mourir directement liées aux complications dans une étude récente au Royaume Uni2. Un moyen de prévention est de mieux former les professionnels de santé3, 4. Mais de graves lacunes existent chez les patients en termes de connaissance de l’utilisation des AINS notamment au niveau de la reconnaissance des traitements, de leur dosage et au niveau de leur toxicité potentielle. Des programmes d’amélioration du niveau de l’éducation et de l’information sur la gestion des AINS à destiné des patients est souhaitable et nécessaire5. D’autant plus que l’auto médication d’AINS est aussi un risque important de complications notamment quand le patient ne connaît pas les précautions d’emploi et les règles élémentaires d’utilisation des AINS. Dans une autre étude anglo-saxonne sur 18820 admissions dans un hôpital de Merseyside: en 2004 1225 étaient  directement liées à un effet secondaire d’un traitement avec en peloton de tête des médications responsables : les  AINS6. Les coûts estimés des complications liées aux effets secondaires sont de l’ordre de 251 millions de livre (166-367 millions de livre) en Angleterre7.

Dans le domaine de la douleur, les patients français  ont aussi un niveau de connaissance faible sur la gestion de la prise de paracétamol pour assurer un niveau d’utilisation en toute sécurité au quotidien8. Mieux informer et éduquer les patients est dont une nécessité médico- économique criante.

Une autonomisation du patient est nécessaire pour sa sécurité : il doit être compétent dans l’adaptation de doses, l’auto-surveillance des effets indésirables. Sa nécessité est accrue par des évolutions sociétales et légales, comme les et médicaments en libre accès dans les officines, et la vente à distance par les officines via commande sur site Internet.

L’exigence de sécurité du médicament (cf Loi du 29/12/2011) pour tous est devenue une évidence, et cette sécurité doit être opérée par tous : par exemple par l’auto-déclaration des EI, par l’accès généralisé à la base de données publique du médicament. Ces notions ont donc été incluses et une démonstration a été ajoutée dans le déroulé d’atelier pour l’utilisation du site Internet de l’ANSM dans le cadre de l’auto-déclaration des effets indésirables du médicament, et l’utilisation de la base de données publique du médicament, qui venait d’être ouverte au moment des ateliers tests.

Dans le contexte de l’ETP et de la maladie chronique, les Ateliers du Médicament de l’AFLAR jouent donc un rôle important, complémentaire et novateur. Ils fondent une éducation au bon usage du médicament sur la recherche de la meilleure efficacité pour le patient, tout en assurant sa sécurité, et en augmentant son autonomie. Ils s’inscrivent dans les politiques de santé relatives aux préventions secondaires (aggravation des maladies chroniques) et tertiaires (prévention des effets indésirables des traitements).

 

Sources bibliographiques :

  1. Adverse effects of non-steroidal anti-inflammatory drugs (NSAIDs, aspirin and coxibs) on upper gastrointestinal tract. Carlos Sostres & col. Best Practice & Research Clinical Gastroenterology 24 (2010) 121–132.
  2. Quantitative estimation of rare adverse events which follow a biological progression: a new model applied to chronic NSAID use. Martin R. Trame Pain. 2000;85:169–182.
  3. Education-based approach to addressing non-evidence-based practice in preventing NSAID-associated gastrointestinal complications Lanas A & col. World J Gastroenterol 2009; 15(47): 5953-5959.
  4. CURATA: A patient health management program for the treatment of osteoarthritis in Québec: an integrated approach to improving the appropriate utilization of anti-inflammatory/analgesic medications. Beaulieu M. & col. Am J Manag Care. 2004 (8):569-75.
  5. Survey of patient knowledge related to acetaminophen recognition, dosing, and toxicity. Lori B. & col J Am Pharm Assoc (2003) 2010;50:485-489.
  6. Adverse drug reactions as cause of admission to hospital: prospective analysis of 18 820 patients.M. Pirmohamed  & col. BMJ 2004;329:15–19.
  7. Cost of NSAID adverse effects to the UK national health service. Moore & col. Journal of medical economics, 1999 volume2 issue 45-55.
  8. Patients’ knowledge about paracetamol (acetaminophen): a study in a French hospital emergency department.  Y. Boudjemai & col.  Ann Pharm Fr. 2013 Jul;71(4):260-7.